LE SITE DE
LA DEPORTATION
NAZIE
Introduction
Ce site n'a pas l'ambition de tout dire sur l'univers concentrationnaire. Une bibliothèque n'y suffirait. Mais il espère être le plus complet possible. Ce site n'existerait pas sans le fabuleux livre de Marcel Ruby : « Le Livre de la Déportation » sans lequel avec d'autres, il n'y aurait eut l'impulsion qui lui a donnée vie. Je tiens vraiment à rendre hommage à Marcel Ruby pour son ouvrage qui est un des plus complets sur la question des camps nazis. Il doit absolument apparaître avec d'autres dans la bibliothèque de celles et ceux qui s'intéressent à cette question.
Des milliers d'ouvrages ont été écrits par
des déportés ou sur la déportation. Il existe en particulier
un remarquable livre album,
édité sous l'égide de la FNDIRP : tous les camps
sont présentés à l'aide de photographies, nombreuses et
bien choisies, montrant pour chaque camp le calvaire des déportés;
ces photographies sont accompagnées de légendes concises, mais
précises et complètes; la qualité de ces photographies
- souvent inédites - est telle que bon nombre d'entre elles ont été
choisies pour illustrer le présent site. Un demi-siècle après
la défaite du IIIè Reich, le moment semble venu d'analyser,
enfin, ce qu'a été cette déportation.
D'autant plus que, depuis quelques années, des " révisionnistes " en nient les principaux aspects à la suite de Robert Faurisson, chef de file de ces négationnistes, et de l'ingénieur Philippe Costa, condamné en juillet 1992 par le tribunal de Fontainebleau pour avoir diffusé des milliers de tracts niant l'existence des chambres à gaz. Aux États-Unis, un sondage rendu public le 23 avril 1993 par l'American Jewish Committee révèle qu'un Américain sur cinq pense que l'Holocauste n'a pas eu lieu. Pour le public français, déportation, camps de concentration et camps d'extermination sont à peu près synonymes. Le temps a fait son oeuvre, qui émousse les souvenirs. Pour toutes ces raisons - et aussi pour que le sort infligé aux déportés soit connu avec exactitude - une description de la réalité paraît nécessaire aujourd'hui.
Le XXè siècle qui s'achève aura été le siècle le plus sanglant de l'histoire de l'humanité. L'objet de ce site est d'étudier un des aspects de cette tragédie. La responsabilité des nazis est capitale dans ce terrible bilan. En effet, leur politique de conquêtes territoriales a provoqué la Deuxième Guerre mondiale, qui a fait 55 millions de victimes, dont 45 millions en Europe. Leur politique raciste a abouti à la mort de millions d'innocents déportés dans leurs camps.
Les fondements et les manifestations de cette politique raciste
seront évoqués dans la première partie de ce site intitulée:
« La déportation nazie et l'histoire ».
La présentation des camps suivra, distinguant clairement les camps de
concentration
(deuxième partie) des camps d'extermination (troisième partie).
Une chronologie, placée in fine, s'efforcera de situer les principales
dates du processus concentrationnaire dans le cadre événementiel
de la Seconde Guerre mondiale.
Un tel site ne vaut que par son objectivité, son honnêteté intellectuelle et par la fiabilité des documents et témoignages sur lesquels il s'appuie. L'historien sait que la " vérité historique " n'existe pas, qu'il est impossible de ressusciter la réalité absolue d'événements passés, avec leurs innombrables facettes. Du moins doit il s'efforcer de s'en approcher le plus possible, de dire l'essentiel de la façon la plus précise. La critique historique doit s'exercer d'abord au niveau du choix des matériaux. Ceux-ci ont été rigoureusement sélectionnés. Les témoignages subjectifs ou romancés ont été systématiquement écartés. Quand plusieurs témoignages se présentaient, seul a été retenu celui qui était le plus précis et le mieux corroboré par les autres.
La présente étude s'appuie donc:
sur les conclusions, notamment chiffrées, d'un petit nombre d'ouvrages
généraux qui font autorité comme ceux de François
Bédarida, de Raoul Hilberg «
La Destruction des juifs d'Europe » ou d' Olga
Wormser-Migot (dont le doctorat d'État a été publié
sous le titre « Le Système concentrationnaire
nazi »);
sur les rapports officiels des commissions d'enquête judiciaires,
par exemple celui établi par la Commission générale d'enquête
sur les crimes allemands en Pologne;
sur des témoignages originaux: n'ont été retenus
que ceux d'anciens déportés capables de s'exprimer objectivement
(médecins, policiers, avocats, professeurs, etc.), la plupart ayant été
fournis par le canal d'associations d'anciens déportés, ou par
certains dirigeants de ces associations (comme Robert Deneri
pour Flossenbürg, le docteur Frejafon
pour Bergen-Belsen ou André
Laroche pour Dora);
sur des témoignages publiés dans des monographies mises
au point par des associations d'anciens déportés, notamment ceux
de Ravensbrück et de Sachsenhausen;
sur des témoignages publiés et n'ayant pas fait l'objet
de critiques ou de contestations, par exemple ceux des professeurs de l'université
de Strasbourg parus sous le titre: « Témoignages
strasbourgeois »;
sur des témoignages des SS eux-mêmes, contenus dans l'ouvrage
d' Eugen Kogon, Hermann Langbein
et Adalbert Rückerl : «
Les Chambres à gaz, secret d' État », qui rapporte
le texte des dépositions des responsables SS des camps.
Le recours exclusif aux travaux des meilleurs spécialistes
et à des témoignages faisant référence devrait permettre
de cerner la réalité d'aussi près que possible. Des illustrations
(cartes, photographies) ont été empruntées au remarquable
ouvrage réalisé par la FNDIRP intitulé «
La Déportation ».
Ce site souhaite apporter une documentation solide à un large public.
Le style se veut donc simple, dépouillé, sans artifice. Ce souci
de clarté a conduit à adopter, systématiquement, le même
plan (logique) pour la présentation de chacun des dix-huit camps, qui
sont classés par ordre alphabétique; la conclusion s'efforce toujours
d'indiquer le nombre de déportés détenus et décédés.
Les chiffres diffèrent parfois selon les auteurs: tous sont alors mentionnés,
avec les références.
Une profonde reconnaissance va aux déportés qui ont apporté
leurs précieux témoignages, et en particulier à MM. Paul
Bonte (pour le kommando de Neu-Stassfurt),
Léon Boutbien ( pour Natzwiller-Struthof
), Pierre Bur ( pour Buchenwald
), Fernand Gadéa ( pour Buchenwald
), André Laroche ( pour Dora
), Louis Maury ( pour Neuengamme
), etc.
La déportation nazie constitue un événement
tellement insolite
dans l'histoire humaine que deux questions liminaires se
posent :
toute guerre frappe deux catégories de victimes, les combattants
et la population civile des zones d'opérations: pourquoi le IIIè
Reich a-t-il innové en ajoutant une troisième catégorie
de victimes, celle de non-belligérants pacifiques ?
l'Allemagne est, dans notre Europe commune, une vieille terre de civilisation,
patrie de beaucoup de poètes, d'artistes, de musiciens, d'écrivains,
de philosophes, etc. Comment un peuple pétri de culture a-t-il pu suivre,
pratiquement unanime, le dictateur qui l'a entraîné dans une aventure
effroyablement sanglante et accepter la création de ces camps dans lesquels
ont été exterminés des millions d'êtres humains?